Au début de la vidéo, une lumière très intense éblouit les trois personnages, les obligeant à se protéger, et par là-même à se cacher. Le discours prononcé en voie off pourrait être celui d’étrangers pour qui l’obtention des papiers serait un véritable parcours du combattant. Les voix se mélangent, une ambiguïté se crée, le spectateur tente de poser une voix sur un visage, en vain. Le trouble grandit, chacun se crée son histoire, au-delà de celles évoquées dans le film. Puis la lumière baisse, les visages se dévoilent, et au détour d’une phrase, le mot est lâché : « transidentité ».
Chaque protagoniste a sa façon propre de se positionner par rapport au genre et d’imposer une identité personnelle, qui peut être très éloignée de celle que la société tente de lui assigner. Tous ne revendiquent pas une appartenance à un genre précis. Leur position n’est pas clairement identifiable, ils repoussent les limites et les normes les plus ancrées de notre société occidentale. Ils jouent, déconstruisent et reconstruisent à leur façon des codes jusque là considérés comme immuables. Ils expriment une différence qu’ils n’ont pas choisie et se confrontent de ce fait à des problématiques sociales, juridiques et administratives liées à la méconnaissance et à l’incompréhension. Leurs transitions respectives étant terminées ou proches de l’être, la transidentité n’est plus forcément la composante principale de leur identité. Cette recherche de positionnement et de définition de soi est évidemment influencée par ce parcours « hors-norme » mais n’est maintenant presque plus « qu’un détail dans [leur] vie ». Ce changement de hiérarchie au sein de la construction de l’identité constitue une façon de l’enrichir et de l’ouvrir sur d’autres horizons.
Enfin, ils repassent dans l’ombre jusqu’à n’être plus que des silhouettes anonymes. Par ce retour à l’anonymat, ils se fondent dans la masse, cessent d’être identifiés uniquement en tant que personnes trans, mais le sont en tant que personnes, tout simplement.